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[Thread - Kit argumentaire] Dominique Seux nous délivrait mardi un message disruptif : « les dépenses sociales coûtent plus de 30% du PIB, la France n°1 de l’OCDE sur ce critère ! Et bien sûr cela creuse notre déficit public...» Que répondre à ça? ⬇️⬇️⬇️ https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-eco/l-edito-eco-01-decembre-2020
Une chronique dans laquelle on retrouve vraiment tous les poncifs des discours libéraux dans lesquels baignent les infiltrés au quotidien, sans avoir toujours les éléments pour répondre. Voici quelques pistes pour ébranler les certitudes de vos interlocuteurs.
1/ Dépenses sociales et PIB Déjà comparer les dépenses publiques au PIB n’a pas vraiment de sens, celles-ci ne représentent pas une part du PIB. A ce titre là les dépenses privées représenteraient 200% du PIB ! http://www.atterres.org/sites/default/files/Note%20Dépense%20publique%20Conférence%20Gambetta.pdf
Si cette mesure permet de comparer les pays entre eux, on ne doit pas en conclure que les dépenses publiques se font au détriment du privé, on y reviendra plus loin.
Mais il est vrai qu'une partie des dépenses publiques contribue effectivement au PIB. Et d’ailleurs on pourrait rappeler que le PIB mesure la création de valeur. Ne devrait-on pas alors être fier d’un système public qui contribue autant à la création de valeur ?
Et puisqu’il s’agit de comparer à un indicateur qui mesure la production, pourquoi parle-t-on d’ailleurs de « dépenses de santé » et non pas de « production de soin » par exemple, mettant ainsi en avant cette valeur créée?
2/ Comparer des choses comparables. Les systèmes des différents pays ne sont pas directement comparables. En effet, de mêmes dépenses sociales peuvent être assurées par le public ou par le privé en fonction des pays.
Aux USA, la santé repose largement sur les assurances privées, il est normal que les dépenses publiques de santé soient faibles. De même en Suisse ou au Pays-Bas, il y a moins de dépenses publiques pour les retraites car les retraites par capitalisation sont bcp plus importantes.
L’étude de l’OCDE prend d’ailleurs en considération ces différences et compare ainsi les dépenses sociales totales (publiques + privées) des pays pour les mêmes prestations:
Si la France reste en tête du classement, il est toutefois intéressant de noter que la médaille d’argent revient aux États-Unis, qui n’est pas un parangon de socialisme bureaucratique a priori. Etonnant non?
La comparaison est particulièrement éclairante : en 2017, la France consacrait 11,3% de son PIB à ses dépenses de santé, contre 17% aux États-Unis. Pourquoi ne pas mettre en avant cette belle efficacité française puisqu’il s’agit de décerner des médailles? https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/9-21.pdf
3/ Faut-il baisser ces dépenses sociales ? Si la privatisation n’est pas la solution envisagée (on voit ce que donne la santé aux USA et le gouvernement nous promet que la retraite par capitalisation n’est pas à l’ordre du jour) c’est donc qu’il faut couper dans les budgets.
Mais certains pays ont effectivement mis en oeuvre des mesures conduisant à réduire ces dépenses. C’est bien sûr le cas du sacro-saint modèle allemand (qui inspire d’ailleurs les réformes du chômage et des retraites poussées par Macron depuis 3 ans).
Pour ce qui est de la réforme du chômage, la conséquence a été une explosion de la pauvreté. Un article du @mdiplo à lire sur le sujet : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/CYRAN/57833
Et pour les retraites à point mises en oeuvre aussi en Allemagne avec un peu d’avance sur nous, voici le bilan qu’on peut en tirer : https://www.mediapart.fr/journal/international/020120/en-allemagne-la-retraite-points-accru-la-pauvrete-des-personnes-agees?onglet=full
3/ Mais ces « réformes nécessaires » vont au moins permettre le retour de la croissance non? Rien n’est moins sûr, et c’est plutôt l’inverse a priori.
Une grosse partie des « dépenses sociale » est constituée de transferts sociaux (retraites, chômage, allocations). Et ceux-ci soutiennent massivement la dépense privée des ménages auprès des entreprises. Les réduire est-il vraiment une bonne idée pour l'activité ?
Sans compter le rôle essentiel que joue cette redistribution dans la réduction des inégalités et de la pauvreté
Ainsi les dépenses sociales et le PIB sont intimement liés et évoluent bien souvent ensemble :
On peut d’ailleurs constater que la cure d’austérité majeure qu’a subi la Grèce n’a quasiment pas fait bouger son ratio de dépenses sociales sur PIB depuis 10 ans. Pas si simple d'améliorer ce foutu ratio !
4/ Mais quand même, toute cette dette, on ne peut pas continuer comme ça? Dominique Seux glisse effectivement tranquillement des dépenses sociales au déficit public. Faut-il le suivre? On vous laisse juge :
Pour toutes les dernières années, ce ne sont donc pas les dépenses sociales qui ont entrainé le déficit, pas de « trou de la sécu ». Et quand il y a déficit, on pourra relire cet article par exemple pour se souvenir d’où ça vient : https://www.mediapart.fr/journal/france/300919/comment-l-etat-creuse-le-trou-de-la-secu?onglet=full
Oui, tout ça c’est bien joli mais on n'a plus les moyens, non? Rappelons que nous n’avons jamais été aussi riches qu’aujourd’hui collectivement (reste à voir la répartition…) et que notre système social a été mis en place en 1945-46, quand la France était ruinée par la guerre.
Retrouvez notre analyse et d’autres arguments sur notre blog : https://infiltres.fr/2020/12/03/dominique-seux-s12e241-le-serial-filler/

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