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Je n’avais encore jamais parlé de décroissance ici, mais une énième histoire entre @ConstruirAvenir et @AEffondrement m’a convaincu de le faire. ⬇️⬇️⬇️
En revanche, contrairement à mon habitude, ce thread n’est pas de la vulgarisation et ne contient aucune source pertinente, il s’agit juste de mon humble avis sur ce sujet oh combien épineux.
Et si je n’en ai jamais parlé, C’est que le sujet me met mal à l’aise car je n’arrive pas à avoir un avis clair, je n’arrive pas à savoir si je suis pour ou contre, si c’est une solution viable ou non.
Alors on va sûrement me taxer de « centrisme », de défendre le statu quo, de faire du « en même temps », mais je n’y peux rien : le sujet est tellement complexe et implique tellement de choses, que se faire un avis définitif est pour moi impossible pour le moment.
Et croyez-moi que j’aimerais mieux avoir une conviction plus nette sur ce sujet, ce serait beaucoup plus confortable que de rester dans l’indécision.
D’un côté, et pour plusieurs raisons, la décroissance me parait un truc complètement sensé, et qui pourrait en effet être nécessaire pour atteindre nos objectifs écologiques.
Je pense à ma grand-mère qui a conservé les mêmes objets pendant toute sa vie, de sa vaisselle à sa literie, en passant par ses coussins ou ses meubles. Certains objets traversaient même les générations.
Maintenant, que ce soient les meubles, les fringues ou surtout les objets techniques, rien ne dure. On renouvelle constamment tout, et on achète des trucs dont on n’a pas besoin.
Aujourd’hui, on peut avoir des habits pour 5 euros, des jouets de gosses pour 1 euros, et on n’a jamais alloué aussi peu d’argent pour se nourrir. Cette incitation à la consommation, à titre personnel, me gêne, et en plus je ne pense pas qu’elle contribue vraiment à notre bonheur
Dès lors, je ne trouve pas du tout aberrant de vouloir ralentir la machine et de revenir à plus de sobriété. Mais, d’un autre côté, je suis loin d’être d’accord avec certains arguments décroissants, qui me semblent souvent faire des raccourcis un peu trop rapides.
Le premier argument, que l’on trouve partout (et que vous avez sûrement déjà vu ou entendu) c’est : « il est illusoire de penser qu’on puisse avoir de la croissance infinie dans un monde fini ».
Déjà, cette notion de croissance est un truc complexe, et il ne me semble pas qu’on puisse simplifier autant les choses. Car c'est étroitement associée à la notion de valeur, et la valeur d’un objet n’est pas forcément liée à la quantité de ressources qu’il faut pour le créer.
Par exemple, un repas de chef étoilé a 100 fois plus de valeur qu’un repas de supermarché pour une quantité de ressources allouée à peu près similaire.
Dès lors, on peut très bien imaginer qu’une croissance économique n’est pas forcément corrélée à une augmentation des ressources nécessaires, et donc pas forcément corrélée à une augmentation de l’impact écologique.
Et ensuite, il ne me semble pas qu’on puisse restreindre le débat à un faux dilemme du type « décroissance ou croissance infinie ». On peut aussi envisager à terme une stagnation il me semble.
Le deuxième argument dont je voulais parler, c’est celui de l’absence supposée de découplage possible entre croissance économique et émissions de GES. Cet argument est en général appuyé par plein de graphiques et d’études, mais ce n’est pas pour ça que je le trouve pertinent.
Car ces graphiques et ces études se basent sur le monde actuel et passé et montre que jusque-là, ce découplage n’a pas eu lieu. Mais peut-on se baser sur le monde actuel pour présumer ce qu’on peut / doit faire ?
Par le même raisonnement, comme aucun pays n’a réussi à diviser son impact carbone par 10, pouvons-nous en conclure que c’est impossible ?
Si on changeait toutes nos chaudières émettrices par des pompes à chaleur alimentées par du nucléaire, on diminuerait nos émissions d’un tiers, alors que pourtant ces deux technologies sont compétitives économiquement.
On aurait bien une baisse des émissions sans pour autant avoir une baisse de croissance (ou pas trop), donc bien un découplage entre les deux, non ?
Mais ce qui me gêne le plus dans la décroissance, c’est le *comment*. Qu’il soit salutaire (voire essentiel) de décroître, pourquoi pas. Mais comment on fait ?
Comment on fait pour convaincre une population de consommer moins alors qu’une simple hausse de quelques centimes du prix du carburant est susceptible de générer une insurrection ? Alors que le pouvoir d’achat est le sujet de préoccupation numéro un des ménages ?
Et si on n’y arrive pas (ce qui est + que probable, ne nous voilons pas la face), comment on peut faire pour l’imposer à la population dans un pays démocratique comme la France ? Quelles sont les mesures/les décisions qui nous permettront d’être sur une trajectoire décroissante ?
Quelles seront les conséquences de cette décroissance sur la vie des gens, sur la compétitivité de notre pays par rapport à nos voisins ? Ce sont toutes ces questions (qui sont pour moi sans réponse) qu’il s’agirait à mon avis d’aborder.
Plutôt que de nous convaincre une énième fois du *pourquoi* il faut le faire, essayez plutôt d’aborder cette question du *comment*, du moins si vous voulez convaincre les gens comme moi.
Car pour le moment, même si cette décroissance me semble éminemment souhaitable malgré les inconnues qu’elle soulève, elle me parait aussi improbable, si ce n’est plus, que la possibilité de nous sortir de la crise climatique par technologie.
Mais je ne demande qu’à changer d’avis.

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