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Plein de gens ont déjà (très bien) résumé les principaux messages du rapport du Groupe 1 du GIEC, approuvé vendredi. Je voudrais revenir ici sur son impact plutôt que son contenu, et en particulier sur deux sentiments qu'il peut provoquer : la lassitude et l'impuissance. 1/..

1. La lassitude d'abord. Plein de gens ont le sentiment d'entendre la même chose depuis des années, sans que ça produise beaucoup d'effets. Ce n'est pas faux, mais le GIEC ne crie pas au loup : malheureusement, la réalité lui donne raison. 2/.. https://www.youtube.com/watch?v=32vc42CN0Gk

Le nouveau rapport contient bien sûr des avancées notables, mais le coeur du message est le même depuis le premier rapport de 1990. Et donc je pense qu'il faut pouvoir s'interroger sur le format des rapports : d'autres types de rapports seraient-ils plus percutants ? 3/..

Les rapports actuels sont des synthèses, longues et ardues. Peut-être faudrait-il des rapports plus courts mais plus réguliers, ou qui traitent de sujets plus spécifiques, par exemple. J'évoquais cela à la radio la semaine dernière. 4/.. https://www.franceinter.fr/emissions/un-monde-nouveau/francois-gemenne-et-enki-bilal

Ou alors publier en même temps les rapports des trois groupes, pour qu'on ait aussi des pistes de solutions. Le problème c'est que la procédure de rédaction des rapports est tellement cadenassée qu'il est très difficile de changer de format ou d'introduire de nouveaux sujets. 5/.

2. L'autre sentiment qui se développe est celui d'impuissance, qui peut amener au fatalisme ou au survivalisme. Et c'est vrai qu'une grande partie de la solution nous échappe : l'Europe, aujourd'hui, ne représente plus que 15% des émissions mondiales. 6/..

Cela veut dire que la lutte contre le changement climatique ne se joue plus vraiment à Paris ou à Bruxelles, ni même à Washington ou Pékin, mais à Mexico, Delhi, Lagos et Djakarta. Certains pays élisent des dirigeants qui s'en fichent complètement... 7/.. https://www.latribune.fr/economie/international/climat-l-australie-premier-exportateur-de-charbon-reste-insensible-aux-alertes-du-giec-890425.html

...et d'autres doivent composer avec plusieurs impératifs: le climat, mais aussi le développement, la lutte contre la pauvreté, etc. Cela implique qu'il faut sortir d'une vision nationale, de l'action climatique : il ne s'agit pas de "faire sa part" comme on l'entend parfois. 8/.

Or, notre raisonnement sur nos réductions d'émissions est trop auto-centré : on cherche surtout à réduire nos propres émissions, alors qu'il faut aussi travailler à réduire celles des autres. Un bon exemple est le débat sur la technologie. 9/..

On discute de nucléaire ou de voitures électriques, mais ce sont des technologies de riches : si vous n'avez ni réseau électrique ni réseau routier, ces technologies vous seront inutiles. Or, l'enjeu est là. Le reste, c'est surtout de l'agitation. 10/..

Sans compter que l'empreinte carbone des pays européens est composée à 40-60% d'émissions importées, c'est-à-dire associées à des produits fabriqués ailleurs mais consommés ici. D'où l'urgence d'agir ensemble, sinon on sera condamné à l'impuissance. 11/11 https://www.lalibre.be/planete/environnement/2021/08/09/il-faut-definir-comment-agir-ensemble-et-non-plus-chacun-de-son-cote-3IGJLOZK7JCI7A4ZSLW7UCP3NU/

PS: Un autre avis sur le format des rapports et leur séquence de publication, par un ancien auteur principal du GIEC, Mike Hulme. https://mikehulme.org/the-ipccs-mistaken-science-first-approach-to-climate-change/