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Déjà, je ne pense pas non plus - loin de là - que le clivage gauche-droite (même si normalement on ne devrait pas parler de "clivage") ait disparu. Même s'il a fortement été challengé par l'arrivée de nouveaux partis et qu'il soit rejeté par beaucoup,
on sait que la plupart des gens (même si ça baisse chez les plus jeunes générations) parvient à se positionner sur une échelle gauche-droite, et que celle-ci parvient assez largement à retranscrire les positionnements relatifs des partis politiques.
Quand on parle de clivage G/D, on évoque généralement deux axes : l'axe économique (plus ou moins en faveur de l'intervention de l'Etat, des impôts, des fonctionnaires, etc.) et l'axe culturel (comme on l'appelle en France, et qui cause immigration, moeurs, autorité, etc.).
On sait que ces deux dimensions sont assez fortement liées, çàd que les partis les plus à gauche économiquement sont aussi plus à gauche culturellement. Bien sûr, ce n'est pas parfait (notamment à cause des libéraux), mais globalement ça tient.
En revanche, on sent bien que, sur certains points, les deux pôles de l'axe G/D ont plus en commun que les partis au centre, d'où des théories tentant de représenter le spectre politique comme un "fer à cheval". https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_fer_%C3%A0_cheval
Bon, en vérité, ça ne tient pas vraiment, parce que les deux pôles ont généralement bien plus de différences que de points communs. Pour une illustration, voir un article de N. Mayer comparant les électorats Le Pen et Besancenot en 2007 : https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-01314328/document
Il est cependant vrai que quand il s'agit de se positionner en matière d'intégration européenne, le fer à cheval semble pouvoir tenir. Ici un graphique à propos des partis d'Europe de l'Ouest (source : https://hooghe.web.unc.edu/wp-content/uploads/sites/11492/2016/09/Bakker-et-al-_CHES_Trend_Party-Politics_final.pdf )
En gros, les partis dits "de gouvernement" (typiquement en France le PS, LR et l'actuelle majorité) + les écolos seraient très favorables à l'intégration européenne, à laquelle ils ont d'ailleurs souvent participé, à l'inverse des partis de gauche ou de droite radicale.
Mais il faut faire attention, car les études de ce genre mesurent des positions sur des axes prédéfinis sans forcément en retenir les justifications, et en l'occurrence le RN et LFI n'ont pas les mêmes raisons de s'opposer aux institutions européennes.
Le RN s'oppose à la construction européenne en elle-même, dans la mesure où il s'agit d'un pas de côté par rapport au modèle historique de l'Etat-nation : toute entité supranationale ne pourrait que diluer l'identité française et la souveraineté nationale.
LFI s'oppose a priori surtout à l'orientation prise par la construction européenne, surtout depuis les 80s, à savoir l'Europe de la libre-concurrence, du marché intégré, et donc in fine du moins-disant social. A priori, une autre Union Européenne pourrait leur convenir.
On sait d'ailleurs comment la question européenne a fracturé jusqu'au sein de la droite de gouvernement dans les 90s (Maastricht) puis la gauche de gouvernement dans les 2000s (le TCUE). Aujourd'hui, ça va mieux, les partis étant arrivés à un genre de consensus interne mou ...
... mais chaque partie du spectre G/D reste éminemment fracturée : RN & DLF v. LR (même si - clair ces dernières années), et PS & EELV v. LFI (et le PCF, je crois). Et je pense que pour les électeurs "modérés" de chaque pôle, la question eu peut être un gros frein au ralliement.
Si la question eu n'a évidemment pas rien à voir avec les dimensions traditionnellement les plus clivantes de la politique (la doctrine économique à gauche, la gestion de l'immigration à droite), on ne peut donc pas la rabattre sur le clivage G/D existant.
Pour en faire un "nouveau" clivage, il faudrait néanmoins que chaque camp dispose d'un discours relativement homogène. Et si on peut à la limite penser que le camp pro-européen (qui serait en fait plutôt "pas anti-européen") peut s'unir sur la défense de l'héritage européen
ce n'est pas la même pour le camp eurosceptique. Ci-dessous, l'extrait d'un ouvrage de N. Sauger, S. Brouard & E. Grossman sur la question (issu du dernier examen du cours d'intro à la science politique à Sciences Po 😐).
Autrement dit, oui la question européenne travaille fortement les systèmes politiques européens et notamment le système français, ce qui n'est pas prêt de s'arrêter avec la progression (certes fortement ralentie) de la construction eu et les "crises" subies par l'UE depuis 15 ans
Le problème est plutôt de savoir si elle peut vraiment s'imposer comme un vrai clivage aux côtés du clivage G/D, sachant les conséquences en termes de fragmentation du système partisan (en 4 voire 5 parties en France).
Surtout qu'à défaut d'une meilleure publicisation des enjeux européens, ceux-ci ne sont visibles que quand cela sert les intérêts des partis politiques ou lors des élections européennes, ce qui le fait plus ressembler à un clivage intermittent.
Par ailleurs, les recherches les + récentes tendent à montrer que le clivage européen n'est plus si irréductible que ça, l'opposition à l'UE étant un peu corrélée à l'antilibéralisme culturel (autrement dit, la D radicale est + anti-UE que la G radicale).
Emilien Houard-Vial @ehouardvialWhile GAL-TAN and EU support were seen as quite decorrelated dimensions, data from the Chapel Hill Expert Survey tend to identify some new correlation (with far right being more Eurosceptical than far left). End of the European horseshoe model? twitter.com
Souvent, la question eu est intégrée à un clivage plus large concernant la mondialisation. Il y a plein d'approches différentes, mais celle de Pierre Martin me semble sur ce point la plus utile.
Pour lui, les transformations ayant eu lieu sur le plan mondial depuis 1945 (ONU, UE, mondialisation économique et culturelle, etc.) ont créé deux niveaux de fracture : a) entre ceux qui refusent la mondialisation tout court et les autres - ce qui donne naissance à la droite rad.
b) entre ceux qui rejettent l'orientation socioéconomique de la mondialisation et les autres - ce qui donne naissance à la gauche altermondialiste, laissant un "reste" mondialisateur et néolibéral. Dans un graphique simple, ça donne ça :
On pourrait faire pleins de critiques, mais l'important est que la mondialisation ne fait pas simplement que s'imposer comme LE nouveau clivage, elle retraduit les clivages existants et en profite pour bien foutre le boxon dans les systèmes bipolaires.
Mon interprétation perso est qu'on peut aller plus loin en se demandant de quoi les divisions autour de la question eu sont le signe, et là il faut regarder d'autres indicateurs "accréditant" le fer à cheval, par exemple sur l'obligation vaccinale. https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2021/11/118635-Rapport.pdf
A mon sens, il existe aujourd'hui un "nouveau" clivage très important, lié au rapport aux institutions politiques, à l'autorité gouvernementale et à leurs réalisations, que l'UE cristallise (en partie) malgré elle.
Et ça a beau ne pas être un clivage qui stricto sensu idéologique, cela pourrait avoir des conséquences de plus en plus importantes, notamment en termes de coalitions électorales. On voit qu'EM tente depuis 2017 d'agréger à lui ceux qui sont peu ou prou satisfaits
du système politique tel qu'il est (qui pensent que "tout péter" n'est pas la solution), mais le vieux clivage G/D résiste, avec des formations tiraillées (comme les écolos, plutôt de sensibilité altermondialiste mais pro-UE).
Et ça n'est pas arrangé par le fait que les 2 morceaux du camp antisystème n'ont pas du tout le même rapport à la démocratie, la gauche rad. étant pour la participation et l'empowerment des citoyens pour le dire rapidement, quand la droite rad. veut des solutions plus verticales.
Je m'arrête là parce que 💤, mais pour plus de détails sur la façon de mesurer les positions idéologiques, vous pouvez aller lire ce billet, où je formule différemment cette idée de nouveau clivage méta-idéologique : https://ehouardvial.wordpress.com/2020/06/09/introduction-a-la-chapel-hill-expert-survey/
Et pour quand même finir sur une note qui apaisera les deux camps : https://www.youtube.com/watch?v=sxr92MhUAoY&ab_channel=MusiquePasteur
Un complément plus que bienvenu sur cette question :
Fabien Escalona @fab_escalona@ehouardvial Jadis, je tentai ceci : twitter.com
Les auteurs défendent l'idée d'une sorte d'exception fr dans le rapport à l'UE, ce qui me séduit assez même s'il faudrait le prouver empiriquement. Les auteurs y voient plutôt un problème à résoudre, en rendant la France plus européenne, je pense qu'on peut aussi y voir l'inverse

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Emilien Houard-Vial

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