1/ On a ici une illustration parfaite de ce que racontait Bernard Lahire dans Enfances de Classe sur la manière dont l’autorité parentale s’exerce en fonction de la classe sociale. Il prenait comme exemple justement la gestion des écrans
2/ En gros, chez les pauvres, cette autorité passe par l’intervention directe de ceux qui l’incarnent ("autorité incarnée) alors que chez des classes plus favorisées, on instaure des règles explicites, comme ce contrat, qu'il s'agit de respecter (autorité impersonnelle)
3/ Chez les premiers ça va être "papa est-ce que je peux allumer ma switch ?" et puis on range quand on estime que c'est suffisant. Tandis que chez les seconds, on va se référer à ces règles explicites.
4/ Cette différence entre la dimension incarnée ou impersonnelle de l’autorité est intéressante parce qu'à l'Ecole on attend des élèves qu'ils intériorisent le cadre, qu'on n'ait pas à intervenir. C'est une compétence à laquelle les enfants de classes sup sont entraînés très tôt
5/ L'idée n'est évidemment pas de dire que telle façon d'exercer l'autorité est meilleure qu'une autre mais on constate que celle des CSP+ ressemble davantage à ce qui se fait à l'Ecole ce qui engendre une inégalité
6/ Voilà c'est tout, n'y voyez aucun don de leçon de ma part, c'était juste un passage que j'ai trouvé passionnant. Je souhaite bon courage aux parents pour trouver la formule qui leur convient le mieux, je sais combien la gestion des écrans est un énorme challenge éducatif
7/ J'ajoute un truc : l'école, ces derniers temps, est de plus en plus passée vers une autorité impersonnelle. On affiche les règles et on sanctionne en nous appuyant sur ces règles. L'autorité a été désincarnée pour des raisons légitimes : éviter l'arbitraire, fruit d'injustices
8/ Ce changement ne s'est pas fait par mépris de classe, mais on se rend compte qu'il peut finalement engendrer lui aussi de l'injustice pour d'autres raisons. Donc voilà, sacré casse tête hein