FireFox is blocking Twitter content

To view content on tw-rl, follow these steps...

  1. Click on the shield in the address bar.
  2. Toggle the switch at the top of the panel.
Sign In →
Sign In →
start
Read Thread
[TW dépression, suicide] Mon ado est hospitalisé depuis 3 semaines pour dépression et risque suicidaire accru. La vie depuis 2 ans est trop intense pour lui. Il est sous anxyolitiques et les anti-dépresseurs commencent à montrer leurs effets. Il ira en structure spé lundi. 1/n
La dépression est une maladie que je connais mais chez l'ado, c'est autre chose. Il est submergé par les émotions et les angoisses après avoir passé trop de mois à s'épuiser en les mettant sous cloche. Il est volontaire dans sa thérapie car il sait qu'il n'est pas responsable 2/n
de son état. Il sait aussi qu'il peut parler en confiance et que ce n'est pas plus honteux d'être dépressif qu'enrhumé. Si ça peut vous aider, je vous dis ce qui a marché et moins marché dans mon discours de parent : Déjà, j'ai supprimé tout ce qui représentait une source 3/n
de pression, à commencer par l'école. Quelques jours en attendant de trouver vers qui se tourner. Ensuite, j'ai respecté sa seule demande qui était que notre entourage ne sache rien. Sa vie lui glisse entre les doigts, s'il peut avoir UN contrôle, je lui laisse. Je me suis 4/n
acharnée à maintenir un dialogue serein entre nous. Ça a fonctionné puisqu'il a compris la démarche de demande d'aide à l'hôpital. Son état dépassait le champ de mes compétences et même s'il avait pu y entrer, j'étais la + mal placée pour l'aider étant sa maman. 5/n
Hasard du calendrier, nous devions refaire sa chambre. Lors d'une permission, il a pris possession de ses nouveaux meubles et de son nouvel environnement. Rien n'était rattaché à ses mauvais souvenirs, ça lui a fait du bien. Ensuite, on a beaucoup parlé de la maladie en 6/n
elle-même. Je lui ai expliqué qu'il souffrait de LA maladie de la patience et de l'auto-indulgence. Le "get well soon", on oublie. Il a le droit d'aller mal, de le dire et ça prendra le temps qu'il faudra, ya pas d'urgence à guérir. 7/n
Le regard des autres, on s'en fout aussi. "Mes potes doivent être inquiets", j'ai pris rdv avec la CPE et la CO-Psy EN pour leur expliquer les raisons de l'absence de mon fils afin que si ses amis le souhaitent, ils aient les bons mots et l'espace nécessaire pour s'exprimer. 8/n
Une source de pression désamorcée. Autre chose qui l'a bien aidé au départ, c'est de rencontrer des jeunes du même âge qui eux étaient proches du retour chez eux. Il a pu constater par lui-même que c'était possible d'aller mieux et 9/n
qu'une autre issue que la mort était possible. Il a besoin de sécurité. Ça passe par l'organisation et la projection. Une perm de 24h organisée la veille au soir, c'est pas tenable. Les visites à des heures variables non plus. À sa demande, j'y vais 1 jour sur 2. Toujours 10/n
Entre 15h et 15h30. On va prendre un goûter à la cafétéria de l'hôpital, on parle, on regarde des vidéos sur TikTok, on revient dans le service, je repars vers 17h. C'est une routine et c'est important. Il est autorisé à aller mal et je ne le désaime ni ne le délaissé pour 11/n
autant. Il a aussi le droit de se sentir bien. C'est pas parce qu'il va bien à 15h que c'est une injonction à continuer d'aller bien à 16h. Ou le lendemain. On accueille les émotions, les vagues, les angoisses et on les gère. Verbalement ou médicalement. 12/n
Il apprend à apprivoiser tout ça, à composer avec. Il sait qu'il n'est pas le seul à traverser ça mais parce qu'il l'a constaté. Pas parce qu'on lui a dit en minimisant ou en le faisant relativiser. Bannissez les "T'as tout pour aller bien" et autres "D'autres vont plus mal 13/n
que toi et ne s'en plaignent pas autant". Vraiment. Ça n'aide pas. Quand vous avez une angine, on vous dit pas que la cousine du concierge a eu un cancer de la gorge. Et si on vous le dit, ça ne fait pas glisser votre salive plus facilement. 14/n
La dépression, ça "englue" le cerveau. C'est une vraie maladie. Elle ne se voit pas mais elle est réelle et très douloureuse émotionnellement. L'avantage, c'est que comme elle est connue, elle se soigne. Avec des traitements ET une prise en charge thérapeutique adaptée.
C'était très en vrac, si vous avez besoin d'aide, demandez-en, c'est OK de pas y arriver seul.e, de se sentir submergé, noyé, à bout de souffle. Soyez à votre écoute ou à celle de la personne concernée. Si vous avez des questions, j'y répondrai dans la limite de mes compétences.
Un truc qui marche pas mais alors pas du tout, c'est l'ironie ou l'humour pour désamorcer une crise d'angoisse qui monte. Même si elle part d'un truc futile, elle est à prendre à la mesure qu'elle représente pour celui qui la vit.
Je lui ai demandé de me rédiger une petite liste de choses à faire si la situation se présente. Certains voudront être seuls, dans le noir, d'autres préféreront un câlin. Face à la crise, on est moins démuni avec cette liste dans la poche. Et on s'adapte. Toujours.
Une autre chose très importante : le droit de changer d'avis. Si on a prévu d'aller se balader, de voir quelqu'un, d'enfiler des perles ou que sais-je, il peut changer d'avis même en cours d'activité. Et on ne lui en tient pas rigueur pour autant. Il peut avoir envie d'un truc
sans en avoir l'énergie, ou se rendre compte que ça ne lui fait pas autant de bien qu'espéré. L'idée qu'on gâche un moment ou qu'on oblige l'entourage est très lourde en terme de pression. Donc on respire un coup et c'est pas grave, on fait autre chose.
Ce n'est pas lui qui dicte réellement, c'est la dépression qui parfois, "parle plus fort". Ce sont ses émotions qui éventuellement lui gâchent un instant précis mais pas lui qui gâche une journée à la famille. C'est important de le dire. Prenez sur vous, ayez une soupape, mais
ne lui faites pas sentir le poids de l'événement. Il l'a déjà. Mille fois. Et la culpabilité qui va avec. Remettez les choses en perspective. Volez les petits instants doux, savourez-les, servez-vous-en pour affronter le reste. Rien n'est insignifiant dans une dépression.
Autant que possible, j'évite de lancer une conversation par "Ça va ?". Parce que non, ça va pas, qu'il risque de se sentir obligé de me retourner la question et qu'après les réponses, on n'en fait rien. Que dans son état, répondre à chaque fois que ça va pas, c'est chiant
pour tout le monde. C'est con hein. Faut y penser. Ça va ?, ça fait 14 ans que je m'en inquiète 56 fois/jour. Je le laisse poser la question s'il en a envie et sinon, je démarre par un "désintéressé" : "Tu faisais quoi avant de m'appeler ?" Pour l'humour du point précédent m
Maniez-le quand même. Le noir, le léger, le cynique, le drôle, c'est important aussi. Là, il vient de rire sincèrement de toutes ses forces parce qu'en jouant à Mario, il a sauté dans le vide et que j'ai répondu "Ah donc même virtuellement, tu tentes la mort, quoi".

My Notes:

Select to add to your #gallery:
Émi Léïmage

Pro Curator

$99 /yearPay what you can